Françoise Deverre expose avec Alexandra Bellamy du 7 mai au 4 juin 2022 à Arles.
Singulièrement contextuel
Françoise Deverre est une artiste rare qui pratique une peinture exigeante. Elle gère la dimension chaotique du monde en la traduisant avec force, sensibilité et intelligence dans ses compositions abstraites. Auparavant, elle travaillait sous la forme de polyptyques, jouant avec les espaces de séparation des diverses parties de sa peinture. Depuis quelque temps déjà, ces derniers se sont recomposés, en apparence, puisqu’ils se trouvent tous dans le même espace, mais séparés par une frontière mentale et irréfragable. L’unité apparente de l’œuvre conserve donc sa force contestatrice, s’inscrivant dans un processus dynamique de confrontation entre de calmes masses géométriques et des zones plus furieuses de tracés gestuels. Si les grands formats mettent en lumière de façon évidente cette lutte plastique, les œuvres sur papier, plus petites, en rendent également compte, nécessitant simplement une attention plus soutenue pour la découvrir. Les couleurs entrent également dans cette danse visuelle, optant pour des rapports parfois complémentaires, parfois plus stridents. Les noces du sombre et du lumineux créent parfois des juxtapositions hardies qui nous entraînent dans des labyrinthes mentaux. Bien que présents dans une frontalité affirmée, des accrocs visuels font parfois émerger une vision inattendue. Des sinuosités troubles se mettent en travers de croisements brutaux laissant émerger une construction qui finit par s’effondrer et se recomposer sans cesse. En réalité Françoise Deverre a toujours opté pour une peinture de l’intranquillité qui narre des aventures conceptuelles à partir de matériaux bien réels.
Christian Skimao